Puella Magi Madoka Magica (2011)
Anime du Magica Quartet (Iwakami Astuhiro à la production,
Akiyuki Shinbo à la réalisation, Gen Urobuchi à l’écriture et Ume Aoki au
chara-design)
Studio SHAFT
1 saison (12 épisodes)
Résumé : Il existe des incubateurs ayant le pouvoir
d'exaucer le vœu d'une jeune fille choisie par leurs soins. Cependant, elle
doit en échange devenir une Mahou Shoujo (ou Puella Magi), et
combattre des sorcières, des créatures démoniaques nées de la détresse humaine,
responsables de malédictions, de meurtres et de suicides. Une collégienne du
nom de Madoka Kaname, ainsi que son amie Sayaka Miki, sont ainsi approchées par
un incubateur nommé Kyubey et une Mahou Shoujo, Mami Tomoe, avec la
proposition d'à leur tour endosser la lourde tâche de lutter contre le mal,
même si cela signifie y laisser la vie. La nouvelle élève de leur classe,
Homura Akemi, cherche toutefois mystérieusement à empêcher Madoka de conclure
ce contrat...
Mon commentaire :
Sous ce titre aussi mystérieux que prétentieux (bah oui, il
faut bien faire honneur à notre description) se cache aussi bien un thème
intrinsèque à l’anime en question qu’une connexion à ma propre relation avec
cette œuvre. En se basant sur l’affiche, on pourrait croire qu’il s’agit d’un
dessin animé pour lequel j’ai une affection particulière car j’appréciais
le regarder étant enfant (et encore, c’est quoi ce truc de Magical Girl, le mec
il aurait pu regarder des trucs d’homme viril comme DBZ quoi !). Mais en
réalité rien de tout cela. J’adore cet anime car en plus de ses qualités
évidentes qui font qu'il soit déjà considéré comme un classique parmi les anime, il m’a fait sortir la tête de l’eau alors que j’étais dépressif du
haut de ma seconde année de fac. « Mais qu’est-ce qu’il nous parle de sa
vie lui, on s’en bat les steaks, viens en au sujet ! ». C’est pas
faux, j’y viens au plus vite. Mais il me semblait important de démarrer le
commentaire par cet aspect, étant donné qu’il n’y a pour moi meilleure façon de
mettre en valeur une œuvre que de parler de sa propension à marquer une
personne et guérir ses tourments, via son message et ses personnages.
Alors quel est ce foutu anime aux allures de Sakura
Cardcaptor qui m’a fait démarrer le commentaire par un paragraphe larmoyant ?
Puella Magi Madoka Magica, Mahou Shoujo Madoka Magica, ou Madoka pour les
flemmards. A noter que Puella Magi est censé vouloir dire Magical Girl en
latin, mais vu que les japonais sont apparemment des billes dans cette langue
morte ils se sont trompé, le titre aurait dû être Puella Maga ou Puella Magica.
Mais passons sur ce détail. Anime de Magical Girl de 12
épisodes annoncé à sa sortie comme classique, mais quand même réalisé par
SHAFT ! Studio ayant adapté les light novels de Monogatari pour en faire une
série avant-gardistico arty qui a fait date (et qui le fait toujours avec les
nouveaux arcs) dans le paysage de l’animation japonaise. De quoi attirer l’attention,
sans même parler de la présence de Gen Urobuchi à l’écriture qui n’avait pas
encore été « officiellement » annoncé à l’époque. Car oui, le
bonhomme à l’écriture est en grande partie responsable de la qualité de l’œuvre.
L’anime commence doucement avec 2 épisodes introductifs dans
la lignée du genre Magical Girl, un opening catchy et mignon, bien que les
paroles révèlent déjà bien plus que ce que l’on ne pourrait croire. A noter la
patte artistique de SHAFT qui est déjà présente, dans les labyrinthes des « sorcières »
que les Mahou Shoujo doivent affronter (même si techniquement, il s'agit de dessins réalisés par le groupe Inu Curry, travaillant régulièrement avec SHAFT). Ces zones de démence permettent au
studio de réaliser des tableaux aussi hallucinatoires que géniaux de par leur
inventivité, très éloigné du style d’animation japonaise classique, à la fois
terriblement beaux et surprenants. Ils se révèlent également plein d'images symboliques, et de runes designées par Inu Curry qui ont une vraie signification, étudiée par les fans. Le chara-design a également une identité qui
lui est propre : les visages sont assez amples (ce qui a fait râler pas
mal de gens), les traits de contour sont marqués.
Cette image résume bien l'étendue du contenu de l'anime. En haut à droite : Magical Girl Lyrical Nanoha + Gen Urobuchi |
Un labyrinthe avec la sorcière Gertrude au centre, les noms de sorcières sont inspirés de mythes de l'Europe de l'est. |
Ces 2 premiers épisodes nous introduisent donc aux tenants
de l’univers ainsi qu’aux différents personnage : Madoka Kaname, l’héroïne, son amie Sayaka Miki, une Magical Girl nommée Mami Tomoe,
une autre des plus étranges nommée Homura Akemi, et Kyubey le chat de l’affiche,
l’ « incubateur » du résumé. Puis vient un élément perturbateur des plus subversifs, que
je ne mentionnerai pas car j’aimerais m’abstenir de spoiler quoi que ce soit
dans ce commentaire, même si pour cet anime ça va pas être évident !
Une fois passé l’élément perturbateur en question, l’histoire
devient un puits de folie et de détresse sans fond, engloutissant toute trace
de bonheur sur son passage. La signature du gus à l’écriture ! Gen
Urobuchi, Urobutcher, le troll, appelez le par le surnom que vous voulez. C’est là qu’il devient difficile de ne pas révéler des éléments clés du
scénario. Je vais donc parler des différents personnages, de leur évolution et
des thèmes que leur développement permet d’aborder, en essayant d’en dévoiler
un minimum. Car si j’adore cet anime, pardon si je fanboy totalement dessus, c’est
majoritairement pour ses personnages, auxquels je suis extrêmement attaché.
Dat haircut tho |
Commençons donc par le personnage juste au-dessus, Mami Tomoe,
qui est clairement la moins intéressante, bien qu’elle soit ultra populaire
même chez des gens qui n’adorent pas PMMM, ce que je ne comprendrais jamais.
C’est sûrement à cause de sa coupe de cheveux totalement impossible à refaire
et la façon dont elle fait apparaître des mousquets derrière elle façon
Gilgamesh dans Fate/Zero (écrit par Urobuchi, le type aime bien réutiliser ses
idées apparemment). Elle est globalement là pour servir de senpai à Madoka et
Sayaka, elle a le rôle d’Obi-Wan/Gandalf/Brom tout ce que vous voulez. J’irais
même jusqu’à l’appeler un plot device, parce que je suis méchant même avec l’œuvre
que j’aime la plus au monde, c’est dire. Bon j’exagère un peu, elle permet
également d’introduire tôt un thème assez important du scénario : la
solitude. PMMM présente des Mahou Shoujo aux destins parsemés de tragédie, qu’ils soient en relation aux vœux qu’elles aient choisi ou
à leur passé. Le pacte conclut avec Kyubey conduit les personnages à vivre une
vie parallèle, cachée de leurs proches, détachée de leur vie
« réelle », ce qui est somme toute assez fréquent dans les histoires
fantasy. Sauf qu’ici, c’est d’autant plus qu’efficace qu’Urobutcher pousse
l’idée à un extrême assez radical, un extrême où les personnages ne se
contentent pas d’affronter leurs adversaires à temps partiel, mais un extrême
où ils sont visiblement seuls et terrifiés face à la terreur et à la mort. Bien
que n’étant pas au cœur de l’histoire, Mami Tomoe est la représentation de la
solitude apportée par le poids du pacte avec Kyubey.
Kawaii. |
Madoka est l’héroïne de l’histoire, fille des plus
innocentes, vivant avec sa famille et ses amis sur un petit nuage qui paraît
agréable si ce n’est idéal. Elle se voit versé dans ce monde de violence, et j’ai
vu beaucoup de gens se plaindre qu’elle ne fasse « rien » de l’anime
à part pleurer. C’est une réclamation qui est déjà fausse, mais que je trouve
en plus illogique. Ça ne me paraît pas anormal de voir une fille de 14 ans, qui
n’a apparemment jamais connu la souffrance, perdre ses moyens devant cette
spirale d’événements désastreux. J’imagine que ces gens auraient
voulu une héroïne dynamique et combattante, mais ça aurait cassé toute la trame
de l’anime. Bien que la série s’appelle Puella Magi Madoka Magica, tous
les événements gravitent autour d’un choix de Madoka : celui de devenir
une Magical Girl ou non. Les différents thèmes abordés lors du développement
des autres personnages ont pour but de faire prendre conscience à Madoka des
aspects les plus durs de la vie d’adulte. C’est un récit initiatique, et les
sorcières que nos chères Mahou Shoujo affrontent, représentatives de la
détresse humaine, peuvent être vus comme une métaphore de cette prise de
conscience, qui guidera Madoka vers son choix final. Le passage à l’âge
d’adulte est quelque chose qu’on a tous (ou qu’on doit tous) effectué(er), donc
je trouve cette héroïne extrêmement attachante, de part évidemment son design
assez kawaii, mais aussi ce thème qui fait qu’on ne peut se sentir proche
d’elle. Il est important de noter que la mère de Madoka joue aussi un rôle
important dans cette quête de sa décision, de par son discours plus que par sa
présence. C’est assez rare de voir les figures parentales être influentes dans
les anime japonais, si ce n’est pour donner une ligne de direction au scénario.
C'est la meilleure. |
Venons en à Sayaka. Aaaaaah Sayaka Miki, la meilleure amie de Madoka, je l'adore. Je crois que c'est mon personnage féminin préféré, toutes oeuvres confondues. Déjà parce que sa coupe de cheveux bleue est carrément bad-ass est en plus elle est épéiste. Passé ses fanboyeries, je l'aime surtout pour son développement. Son destin est des plus tragique tout en ayant des bases ancrées dans la réalité, même dans ce monde de magie et de sorcières.Toute la première moitié de l'anime est en grosse partie consacrée à sa route, qui aborde des thèmes qui me sont chers : le sacrifice et le rejet. Elle est un élément clé dans la quête initiatique de Madoka, mais représente en elle-même une facette de l'anime qui lui est propre : le partie sacrifice du conflit idéologique abordé dans l'anime. Il peut se résumer comme cela : doit-on se battre pour nous-même ou pour les autres ? Doit-on se sacrifier pour les autres ? Elle est la partie héroïque de ce débat, partisante de la charité, à l'opposé de Kyoko dont je parlerais juste après, qui représente l'aspect plus égoïste du concept, le choix de faire un voeu pour sa propre personne. Et une fois de plus, Urobuchi le troll impose sa signature en brisant ses rêves. travers des choses qui peuvent paraître pas si graves à l'échelle d'une vie, mais qui dans le contexte de l'anime peut être catalyseur d'une spirale infernale de malheur, surtout pour une fille de 14 ans.
Toujours en train de bouffeeeer |
Kyoko Sakura. Lancière, boulimique (mais les japonaises ne peuvent pas devenir obèses), bad-ass, antipathique au premier abord. Mais elle n'est pas sur l'affiche promotionnelle, juste parce qu'elle apparaît un peu plus tard que les autres, et je trouve ça carrément honteux. Bref, comme dit plus haut c'est un personnage important pour l'arc de Sayaka, sans être un plot device. Elle est le némésis de Sayaka de part sa façon de penser, mais comme toujours dans cet anime, les actions effectuées et décisions prises sont le résultat d'un enchaînements d'événements malheureux. Au final bien que son rôle se limite à contribuer au développement de Sayaka, c'est un personnage très complet qui s'imbrique parfaitement par sa décision la plus importante au message global que fait passer PMMM, dont je parlerais plus tard. A noter que son côté solitaire peut-être relié à celui de Mami, l'idée étant d'ailleurs exploitée dans le manga "The Different Story", proposant une version alternative de l'histoire de Madoka.
Bad-ass. |
J'ai choisi de parler de ce personnage en dernier, parce qu'est vraiment le plus marquant de la série, le personnage préféré de beaucoup de gens. Elle est peut-être même encore plus emblématique que Madoka, à un point où elle devient le personnage principal du 3ème film (les deux premiers étant la série en version un peu charcutée). Homura Akemi, fille très froide au premier abord, mais qui se révèle avoir un caractère troublé de part sa backstory, qui ce coup-ci
est purement ancré dans l'aspect fantasy de l'histoire. Je l'adore quasiment
autant que Sayaka. Ses facettes sont nombreuses, et je ne peux pas m'empêcher
de vous proposer ce petit schéma en tant qu'exemple :
Génial hein ? Alors, pourquoi est-elle si populaire ? Parce
que son arc est vraiment le plus émouvant. On y aborde pas de notions
philosophiques, comme dans le conflit idéologique entre Sayaka et Kyoko, mais
quelque chose d'aussi brut et d'aussi simple que l'amour dévoué. Et le message
global dont je parlais tout à l'heure, c'est ça. L'amour, l'affection, tout
simplement, ni plus ni moins. L’anime en respire de tous les côtés, de Mami, de
Madoka, de Kyoko, de Sayaka, de Homura. Tous les événements qui se déroulent,
aussi terribles qu'ils soient, mènent à cette valeur. Un message d'espoir à
travers l'amour, et le dévouement pour quelqu'un d'autre. Et je pense que c'est
pour ça que cet anime m'a tiré de la dépression, j'ai pu me reconnaître dans
nombre de problèmes abordés, et le message global m'a touché plus que jamais,
et me touche encore. Ces personnages sont devenus une part de moi-même, et
cette oeuvre a pour moi une dimension toute autre que la plupart des choses que
je regarde. C'est cliché, hein ? Mais c'est vrai.
Je me rends compte que je retombe dans le larmoyant et que
je n'ai absolument pas parlé de la musique dans tout ça. Les musiques sont
magnifiques. Yuki Kajiura à la BO, une des meilleures compositrices d'anime,
qui a également composé la soundtrack de Fate/Zero (et oui, écrit par Urobuchi,
les deux font la paire décidemment). Elle a aussi composé pour Sword Art Online
mais ça il faut pas le dire. Les thèmes qui restent en tête sont assez
nombreux, et l'ending chanté par Kalafina (Magia) est terriblement bad-ass. A noter que les noms des musiques de la soundtrack sont aussi en latin, peut-être qu'il y a autant de fautes que dans le titre qui sait ! Je
vous laisse écouter Sis Puella Magica comme petit aperçu :
Il y a aussi 20 milliards de théories sur l'anime, notamment certaines très convaincantes qui font un parallèle avec l'histoire de Faust (dont Urobuchi s'est clairement inspiré), et certaines en rapport avec le travail de Nietzsche. L'oeuvre a dans son ensemble des racines très allemandes. Pour faire court voilà à quoi s'amuse les fans de Madoka :
Si jamais vous vous sentez de nous rejoindre un jour... |
Bon bah voilà, tout est dit. J'avoue que je trouve que cet article reste un peu trop en surface de l'oeuvre, je vous redirige donc vers les nombreuses dissertations sur Internet qui proposeront sûrement des analyses plus poussées.
Points positifs :
- Une vraie déconstruction du genre du Magical Girl
- L'originalité et la beauté des visuels que propose SHAFT
- La soundtrack totalement divine
- Des personnages très bien développés et des thèmes abordés de façon juste est poussée.
Points négatifs :
- Pas encore de saison 2 annoncée malgré les milliards de yen que ramène la franchise.
Aucun commentaire :
Enregistrer un commentaire